Noms des participants : Siobhan Delaney & Mirage De Fuentes

Elle n’avait pas vraiment eu le temps de passer la porte. Elle grogna contre le côté peu pratique de ses transports quotidiens et commençait à envisager de se faire livrer tous les matins. Mais ça aurait fait des dépenses qui auraient éveillées les soupçons. Tant pis.

Sio’ !
Scott.

il ne lui en fallait pas plus. Le ton et la mine sinistre de son chef étaient suffisants. Il y avait du lourd en vue. Elle soupira et ne lui demanda même pas si elle pouvait poser ses affaires dans son bureau. Elle lui tendit ses sacs, attrapa son portable dans la poche arrière de son jean et composa le numéro de William pour le prévenir qu’il était consigné à résidence le soir jusqu’à nouvel ordre. Elle lui demanda de faire porter des habits propres pour quelques jours et raccrocha rapidement.


Scott Mac Farlan était un vieux de la vieille. 30 ans de carrière au FBI. Il y était rentré à la fin de la fac et n’en était jamais sorti, gravissant doucement mais surement les échelons. Il avait fini par obtenir le rang de chef de service six ans plus tôt en arrêtant l’assassin du lac Mendoka. Le type avait commis 18 assassinats en pas moins de 4 ans. Scott Mac Farlan n’avait jamais envisagé d’aller plus haut que cette fonction. Au-delà, cela devenait trop politique pour lui. Les assassins ils arrivaient à les comprendre. Les magouilles entre gens supposés sensés le dépassaient. Il était arrivé à un équilibre dans sa vie. Une femme qu’il n’avait jamais ne serait-ce que songé à tromper. Un boulot qui lui plaisait même s’il faisait des cauchemars régulièrement. Une petite équipe soudée autour de laquelle gravitait des gens relativement compétents. Et des patrons pas trop mécontents. Bref, il était au summum de sa vie, le savait et en profitait.

On est que deux ?
La plupart sont en vacances. Mais d’autres vont nous rejoindre directement.
On va où ?
Duck Lake Road. A deux miles de Duke Lake.
Un crime sur la route ?
Non. Il va nous falloir marcher dans des sacrés fourrés. J’espère que t’as des bottes.

Siobhan regarda ses ballerines et opina. Ça faisait partie du matos qu’elle gardait dans le coffre de la Fusion. Scott l’aida à tout transférer dans une voiture de fonction banalisée et ils prirent la route.
En chemin, il lui montra les clichés reçus juste avant son arrivée.

Siobhan, en quatre ans de carrière, avait participé à pas moins de cinquante deux enquêtes, soit une tous les mois en moyenne. Sur les 52, ils avaient trouvé l’assassin 48 fois. Trois étaient morts par suicide, deux par assaut du swat, cinq n’avaient pu être poursuivi faute de preuve. Il restait donc 43 personnes traduites en justice. Seules deux avaient été acquittées. Elle avait donc un taux de réussite de 78% de réussite en considérant que selon ses critères, la réussite n’était acquise que par un procès gagné en bonne et due forme.
Et parmi ces 52 affaires, elle n’avait jamais vu ça.

De toute évidence c’était une femme ou du moins ses restes. Les membres étaient éparpillés au milieu d’un pentagramme. Dans chaque pointe il y avait une espèce de fétiche ou de porte bonheur. La tête de la femme se trouvait au bas du tronc et les membres semblaient avoir été inversés entre droite et gauche ainsi que jambes et bras. Il y avait une mare de sang si importante que le cadavre devait être exsangue.
Siobhan cligna des yeux plusieurs fois, troublée par les images. C’était immonde et elle avait rarement vu une horreur pareille. Elle espérait que l’équipe crée pour cette enquête aurait l’estomac solide. Car si c’était un meurtrier en série, la suite pourrait être pire encore.

Déjà elle notait des incohérences, des remarques personnelles et des pistes potentielles. Elle prit immédiatement des notes sur sa tablette numérique. Elle créa un dossier [Duke Lake] directement sur son bureau virtuel. Elle pianotait frénétiquement. Avec son portable, elle téléchargea un double de la photo et l'inséra dans le dossier. Elle en fit des copies et fit des notes sur les images en zoomant zone par zone. C'était pixellisé mais elle savait qu'il lui faudrait faire des recherches sur certains points qu'elle releva. Elle ne donna aucune de ses conclusions à son chef, le laissant faire sa propre analyse dans le perturber avec ce qu’elle notait.

Cela faisait quelques années que Mirage établissait des profils, elle se trompait parfois mais l'idée directrice de ses travaux était toujours bonne, du moins pour le moment. Les erreurs se greffant à une carrière corollairement au nombre des années et aux coups durs de l'expérience acquise, la belle ne pouvait savoir jusqu'à quand ses jugements seraient bons. Elle faisait donc toujours l'intense effort de revoir ses copies, de prendre du recul et de recommencer souvent à zéro afin de balayer les certitudes hasardeuses. Pour le moment, cela suffisait et c'était tant mieux car la jeune profiler n'avait que son travail pour être un minimum heureuse. Sa vie était une succession de journées ennuyantes où parfois elle réussissait un bon profil et avait subitement un peu plus d'estime pour elle-même. Si le coeur de la brune était aujourd'hui encore fragile, elle savait mettre son travail de coté afin d'être performante malgré les aléas de son tempérament. Ce jour là lorsque Enrico, un de ses collègues de travail, s'installa à son bureau ; sur cette chaise toujours vide, face à elle ; Mirage ne cacha pas son étonnement. Cette fois-ci, elle n'allait pas se contenter de faire un profil, elle allait suivre l'enquête jusqu'au bout. La jolie brune souriait, c'était naturel car elle était contente et pourtant cela voulait dire qu'un fou sévissait en ville, un fou, oui, encore un autre.

Sur le trajet, on lui expliqua que sur place se trouvait déjà deux profilers, un plus âgé et une autre jeune femme. Scott Mac Farlan travaillait au bureau depuis ce qui semblait être des siècles, il était sur l'affaire, voilà qui allait servir de cadres aux deux jeunes femmes. Jeunes certes mais pas pour autant sans talent car si elles avaient été envoyées ici, c'est qu'elles y avaient leur place. Mirage portait un jean épais et une paire de bottes de pluies grises foncées, elle s'avançait vers la scène de crime. Lorsqu'une odeur pestilentielle attrapa son visage, elle s'approchait de l'endroit où fourmillait la police scientifique. La belle ne tarda pas à découvrir le corps, ce qu'il en restait, la triste dépouille. Ses yeux parcoururent le décor. Au beau milieu de la forêt, un corps démembré, celui d'une femme. Quelques arbres assez grands et donc assez vieux rendaient le contact avec le ciel difficile, ce dernier se faisait invisible derrière les épais branchages. La profiler tournait autour de la scène, les flash des photos ne faisaient qu'accentuer le pourpre du sang, entachant la peau claire du cadavre. Cette pauvre femme semblait avoir été ce que l'on peut qualifier de normal, vivant selon le moule de la société, une corpulence banale, des cheveux mi-longs séchés par le sang. Pas de tatouage visible, du moins au premier abord, le légiste nous en dira plus.

Mirage décroche le regard du corps, elle serre la main de Mac Farlan. Ce dernier lui lance un sourire compatissant. La profiler s'approche ensuite de la jeune femme brune qui semble déjà bien occupé. Elle a déjà aperçu cette femme au bureau mais elle n'a jamais eu l'occasion de lui parler. L'occasion était sienne aujourd'hui.

" Bonjour, désolée de vous déranger, je me présente car on va apparemment travailler sur la même affaire, je suis Mirage. " Ajoute la jeune femme de manière très sobre devant cette atroce scène qui sert de décor à ces présentations.

Mac Farlan quand à lui prenait des notes mais il semblait de plus en plus en retrait comme s'il souhaitait que les deux jeunes profilers puissent faire leur trou dans l'univers du crime. C'était un talent rare que de savoir laisser sa place. Une fois les présentations réalisées, Mirage se pencha sur le pentagramme. C'était un pentagramme encerclé et il était aussi inversé, et donc négatif voir maléfique. Cela faisait directement penser à un quelconque rituel ou sacrifice. Les membres du cadavre étaient inversés, échangés, le haut se trouvait en bas et le bas en haut, cette volonté de modifier l'ordre normal des choses, cette volonté de dicter une toute autre nature, cette volonté de faire de ce corps quelque chose ne correspondant plus au modèle humain. Cela supposait soit une forte envie de tout contrôler soit une puissante haine envers cette personne que l'on souhaite déshumaniser de la sorte. Mirage prend des notes mais elle réfléchit surtout énormément, s’imprégner de cette scène est important car dans quelques heures, elle ne sera que souvenirs et photographies, écriture sur des papiers, déjà du passé, du passé pour une vie arrachée, encore une.

Comme si c'était pas déjà assez compliqué comme ça, voilà qu'on nous mettait une horloge dans les pattes et un compte à rebours pour freiner notre réflexion. Mirage, agacée de devoir toujours tout faire dans la précipitation, écouta de manière silencieuse les dernières nouvelles. Mac Farlan expliqua qu'il comptait interroger le joggeur qui avait découvert le corps, cette piste ne devait pas être négligée même si elle était rarement la bonne dans ce genre d'enquête. Après tout pourquoi se casser les bonbons pour faire une telle mise en scène à l'abris des regards indiscrets pour jouer ensuite le coureur malchanceux qui a découvert un horrible cadavre dans les bois. Ne sait-on jamais, on voit de tout dans ce triste monde et cette théorie sera peut-être un jour aussi parfaitement réaliste. Mirage, les yeux braqués sur le pentagramme, ne dit plus rien, déconnectée, elle semble concentrée. La victime ne porte aucun vêtement. Pourrait-elle être arrivée sur les lieux complètement nue ? Cela voudrait dire qu'elle avait fait cette mauvaise rencontre avant ou alors est-elle tombée sur son agresseur ? Deux choses étaient importantes, les fringues se trouvent-t-elles encore dans le coin ? Est-ce que ce fou furieux connaissait sa victime ? Les questions étaient nombreuses dans la tête de la jeune femme, très nombreuses pour les deux heures à venir.

Siobhan avait du caractère, Mirage s'en rendit compte lorsque la jeune femme prit la parole. La belle brune laissa échapper un sourire malgré le décor qui l'entourait. Sa collègue d'enquête, sa partenaire de travail, ne se laissait pas marcher sur les pieds, rien de plus intéressant. On allait bien en avoir besoin avec la pression que la hiérarchie plus les médias risquaient de nous mettre sur le dos. Le médecin légiste allait embarquer le corps mais il se livra à quelques explications avant cela.

" Le corps a surement été découpé ici, je peux l'affirmer au vue de la quantité de sang et de sa dispersion sur la scène de crime. Pour l'heure de la mort, impossible à dire sans examen complémentaire au vue de l'état du corps. En tout cas, elle a été découpé post-mortem entre 1heures et 6heures du matin. J'en saurais plus après l'autopsie. "

Il venait de délivrer l'essentiel, la base, le socle de départ. Maintenant, il allait falloir travailler et vite. Pour cela le travail d'équipe pouvait être la recette miracle, si il était réalisé correctement. Siobhan demande alors à la jeune femme ce qu'elle en pense. Mirage pensive, répond un peu à coté de la plaque. Elle a parfaitement écouté ce que vient de dire sa collègue mais cette mise en scène lui fait quelque chose de particulier.

" Je pense que c'est étrange, cette mise en scène tout ça. Le pentagramme et les fétiches, ça passent encore mais le découpage, plus la modification des membres et l'éparpillement, ça fait beaucoup. Soit cette personne est une folle furieuse tout droit échappée d'un asile et elle fait tout et n'importe quoi soit cette personne vouait une haine viscérale à cette pauvre femme, il faut détester au plus au point pour déshumaniser quelqu'un de la sorte. Et puis l'entourer de ce pentagramme diabolique, peut-être que cette pauvre femme était 'maléfique' aux yeux de notre tueur. " Marmonne la jeune femme, les yeux sur le corps avant de se reprendre, embêtée.

" Oh excuse moi Siobhan, j'étais partie très loin. Il y a quelque chose de bizarre dans cette façon de procédé tu ne trouves pas ? Je préfèrerais qu'on travaille ensemble, tu verras sans doute des choses que je ne verrai pas et vice versa. Tu préfères quoi toi? " Demande-t-elle gênée.

Ok ça me va.

Pour Siobhan cela revenait à peu près au même. Elle avait l’habitude de bosser avec des machos qui l’ignoraient jusqu’à ce qu’elle ait réussi à leur clouer le bec. Elle savait travailler aussi bien en équipe qu’en solo, malgré une petite préférence pour la seconde option.

Elle prit son téléphone portable et alluma le dictaphone intégré pour y faire ses commentaires et s’adressa à Mirage.

On est d’accord. Le meurtrier en a trop fait. Un rituel est clair, limpide. Il utilise des éléments cohérents. Ici c’est brouillon. En plus les fétiches ne vont pas.
La corde et l’œillet sur des portes malheur au théâtre. Là bas c’est une patte de lapin. Ça porte malheur selon les marins mais ça porte bonheur pour d'autres. Et là des trèfles à 4 feuilles. Un porte bonheur. A moins qu’on les utilise en pseudo magie ou des rituels comme le vaudou. Il faudra faire des recherches à ce sujet.

En parlant, elle souleva la patte de lapin.

Et il n’y a pas de projection de sang sur les fétiches mais dessous. Ils ont été posés là après le meurtre. Ce n’est donc pas un vrai rituel. On veut nous mettre sur la fausse piste de satanistes ou autres.

Elle approcha son dictaphone de sa bouche.

Néanmoins on poursuivra la piste des fétiches. Ils représentent peut être quelque chose pour la victime ou le criminel.

Elle s’accroupit près de la victime et regarda la zone comme si c’était elle qui était au sol. Puis Sio’ tourna son visage vers Mirage.

L’autre élément c’est qu’on est dans une forêt touffue. Vu les pieds de la fille, elle a couru. Est-ce que c’était un jeu sexuel qui a mal tourné ? Une prostituée ? A-t- il enlevé sa victime et lui a donné la chasse en forêt ? Il faudra vérifier le fichier des disparitions inquiétantes.
On sait aussi qu’il a fait ça de nuit étant donné l’heure de la mort. Il doit donc connaitre parfaitement le terrain pour ne pas avoir peur de se perdre. On devrait regarder la liste des gardes chasses ou des gens qui campent régulièrement ici.

Elle médita un moment en fixant tronc de la pauvre femme et les mains striées de coups de lame.

Je crois que c’est une femme. Il y a une telle volonté d’humiliation, de destruction. Je suis d’accord pour le côté « maléfique » ou en tout cas néfaste de la victime aux yeux de l’assassin. Une haine si irrationnelle qu’on dirait l’acte d’un homme qui a un problème avec les femmes, mais les lacérations sont trop peu profondes. La personne avait moins de force qu’un homme adulte.
Elle regarda les membres de la victime.

Le meurtrier a coupé net mais dans des endroits peu pratiques. Il n’a pas de formation médicale donc. Il faut aussi faire une recherche sur les récentes sorties d’hôpital psy pour des pathologies comme la schizophrénie ou les délires de persécutions. Vérifier les plaintes pour harcèlement par exemple.

Elle regarda Mirage, embêtée.

Par contre l’inversion des membres, ça me dépasse. Je n’avais jamais vu ça. Echanger les bras et les jambes ? Mais pourquoi donc ?

Souvent dans les enquêtes de police, on cherchait le criminel. Peu importait le pourquoi au fond, hormis pour le procès car les jurés aimaient connaitre les motifs. Mais dans leur cas, le pourquoi était toujours la voie de la solution. S’ils ne savaient pas pourquoi, il leur était impossible de savoir qui.

Siobhan avait raison sur de nombreux points, il allait falloir faire des recherches dès notre retour au bureau. Si on a l'identité de la victime par le biais de son ADN ou de ses empreintes, il faudra ensuite vérifier dans la liste des personnes disparues afin de voir si quelqu'un a déclaré sa disparition. Les deux jeunes femmes étaient déjà au moins sure d'une chose, il y avait beaucoup trop de détails dans cette scène de crime pour que cela soit ici pour une véritable raison, on dirait que le meurtrier en faisant volontairement trop. Elles étaient d'accord et cela sautait aux yeux, voilà déjà un élément clé. C'était comme si cet homme voulait masquer ses véritables intentions en faisant pencher les flics vers un crime satanique. Voilà une chose de certain. De plus, les deux jolies brunes avaient aussi une idée établie sur un autre point, le meurtrier voyait cette personne comme un être maléfique, une personne mauvaise, mauvaise pour lui et pour sa personne. Dans quel sens et dans quel mesure, il allait falloir l'établir par la suite. Mais on avait déjà deux caractéristiques principales, le meurtrier n'était pas un fou du moins il avait conscience de l'illégalité de ses actes et pour cause, il cherchait à les camoufler. Aussi, le meurtrier avait une haine énorme envers sa victime et il cherchait à dominer, à être possessif, à décider. La connaissait-il ?

" Je pense qu'on pourra vérifier si la victime était harcelée, si elle avait un quelconque passif dès qu'on aura son identité. Pour le moment et pour cette déclaration à la presse dans deux heures, il nous faut des grandes lignes, pour qu'ils nous laisse faire notre boulot tranquillement, malheureusement.. " Ajoute la jeune Mirage en se penchant vers le corps.

" Tu as raison, les lacérations ne sont pas très profondes. Tu penses à une femme ? Oui, c'est une idée. Mais cette volonté de vouloir modifier l'ordre des choses, être le chef en somme, c'est typiquement masculin. " Pensive, Mirage regarde Siobhan. La jeune femme lui pose une question, la jolie brune se penche de nouveau, devant tout ce sang, elle demeure silencieuse, regardant ce qu'il reste du corps.

" C'est typiquement masculin que de changer d'emplacements des choses qui sont en temps normal établies. Il a un problème avec la normalité, les choses toute faite. C'est peut-être même un maniaque, il aime que tout soit comme il le désire et cela selon son ordre à lui. Il cherche à diriger, pour moi c'est un homme. "

Ne sachant vraiment quoi penser, Mirage est persuadée qu'il s'agit d'un homme mais il y a tout de même des choses bizarres, ces lacérations quasiment faibles, c'est pas le signe d'un homme qui recherche la force, la puissance et la direction. Tout dans cette scène est étrange et pas habituelle. Il y a quelque chose qui cloche. Mirage prend ensuite son téléphone portable et passe un coup de fil à Enrico, elle demande une liste des personnes pouvant avoir quittés des établissements psychiatriques ce mois dernier et répondant à certains troubles. Elle raccroche ensuite, avec un peu de chance la liste sera prête lors du retour des deux brunes. La jeune femme abandonne son téléphone et s'adresse de nouveau à Siobhan.

" On rentre dans la même voiture, ça nous permet de discuter jusqu'au bureau ? " Demande-t-elle à sa collègue de travail.

Siobhan hocha la tête. Elle prit quelques photos supplémentaires avec son appareil perso, par acquis de conscience. Puis elle récupéra ses sacs dans la voiture de fonction de Scott pour les mettre dans celle de Mirage.
Elles remontaient le sentier et Sio’ continuait à décrire certaines choses sur le dictaphone, de temps en temps. C’était son péché mignon. La technologie la passionnait et elle avait assez d’argent pour avoir les tous derniers modèles en matière d’ordinateur ou de téléphone. Et cela s’associait très bien à son défaut principal : se lancer tête baissée et de façon acharnée dans une affaire ou dans quelque chose qui lui tient à cœur. Quand elle commence quelque chose, il n’y a plus rien d’autre.

Une fois glissée côté passager, elle fixa sa ceinture et se fit violence pour ne pas commencer ses rapports. Ce n’était pas sociable et certainement pas très poli d’ignorer purement et simplement sa collègue. Hors de question de se montrer comme une sauvageonne, surtout quand, pour une fois, elle ne devait pas subir de remarque sexiste ou de mépris.

Ça te gêne si je fume ?

Là aussi elle s’était fait violence sur la scène de crime. Ne rien corrompre. Mais maintenant qu’elle était loin et qu’elle n’était pas tenu à conserver une zone stérile, le besoin de nicotine était bel et bien là. Sans parler de caféine.

Heu…sur Blackmore Road, il y a un starbuck. Tu pourrais faire un arrêt s’il te plait ? J’en suis qu’à 3 cafés, il est 10h et je vais mordre quelqu’un si j’ai pas ma dose.


Elle jouait avec sa cigarette pas encore allumée et regarda Mirage.

Au fait t'as un bureau ? J'ai une pièce à moi. On peut s'y mettre à l'écart le temps de dresser un premier profil et de donner la liste de ce qu'on doit chercher

Mirage quitte la scène de crime accompagnée de sa collègue de travail, Siobhan. C'est beau comme prénom mais pas courant du tout, remarquez niveau prénom original, le sien n'est pas mal non plus. On ne rencontre pas des Mirages à tout bout de champs. La jeune femme grimpe dans une des voitures fédérales, celle avec laquelle elle est venue jusqu'à Black Mountain. La sienne est restée garée sur le parking de Blue Bridge. Elle prend le volant alors que Siobhan s'installe à son tour sur le siège passager. Cette jeune femme a l'air attentive à son travail, elle est à fond dedans, un peu comme Mirage en fait, elles devraient bien s'entendre. Travailler entre filles est en plus une bonne idée, ce n'est pas courant et c'est toujours mieux qu'avoir un ou des partenaires masculins toujours prêts à une vanne sexiste aux moindres mouvements féminins. La jeune Mirage ne tarde pas à démarrer pour quitter le bas-coté d'une longue route de campagne. Le décor défile alors doucement sur les cotés du véhicule, Mirage conduit mais réfléchit tout de même à cette nouvelle affaire.

Siobhan coupe la jeune femme dans ses réflexions, la belle Mirage lui adresse un regard. Elle lui demande si elle peut fumer. Les vitres étant ouvertes, la jeune profiler n'y voit aucun inconvénient. Certes, elle fait la guerre à son frère pour ne pas qu'il fume mais c'est parce qu'il s'agit de son grand frère. La fumée ne lui pose pas de problème et quasiment l'intégralité de ses collègues de bureau fument, alors bon, allons-y, fumons !

" Non tu peux y aller, ça me pose pas de problème par contre pour le café, c'est une bonne idée, je vais m'en prendre un bien serré. " Ajoute la jeune femme en se dirigeant beaucoup plus rapidement vers la sortie de Black Mountain, direction Blackmore Road.

La belle Siobhan demande ensuite à Mirage si elle a un endroit chez elle pour travailler au calme. Comme elle vit seule, tout chez elle est au calme mais elle se rappelle aussitôt du bordel qui traîne dans son appartement depuis des mois. Certes, elle a fait le ménage, la vaisselle est lavée et rangée mais les médicaments qui y trainent un peu partout ainsi que les vieilles photos, voilà qui n'est pas génial. La profiler pourrait croire que Mirage n'est pas une personne stable, elle est stable mais juste malheureuse et cela ne l'empêche pas de faire son job correctement. L'idée de Siobhan est une bonne idée, dresser un premier profil demande de la concentration et de la tranquillité, chose qui sera complexe à trouver dans l'excitation du bureau.

" C'est petit chez moi mais on peut y être tranquille. Tu veux aller où ? " Demande Mirage alors que la voiture fédérale s'arrête sur Blackmore Road. Du café, vite !

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